1.     Présentation

 

L’Ubabebi (qui se prononce Oubabébi en transcription française) est un projet de langue construite à vocation internationale. L'exemple le plus connu d’un tel type de langue construite à vocation internationale étant l'Espéranto.

 

Le vocabulaire de l’Ubabebi est construit ex-nihilo : a) de telle façon que la langue soit le moins difficile possible à apprendre, et b) en ne privilégiant aucune culture d’origine.

 

Dans cette optique, le vocabulaire est réparti dans des arbres de patterns (dont les branches sont associées à des secteurs conceptuels particuliers), et il est organisé par familles structurées de mots affiliés (créant de fait des images mentales topologiques faciles à mémoriser).

 

Sa particularité est d’être une langue entièrement informatisée : ceci permet non seulement de la créer et de la modifier en continu via Internet, mais surtout de pouvoir mettre à jour de façon automatique toutes les phrases de son corpus historique qui ont été stockées dans son système informatique centralisé.

 

 

Remarques préliminaires concernant la typographie de ce document : Les mots ou groupes de mots qui sont soulignés sont des concepts spécifiques à l’Ubabebi : ils sont décrits à moment ou à un autre dans ce document. Les transcriptions des lettres et des sons seront mis entre simple-guillemets (‘…’). Les mots-exemples et les phrases seront mis entre double-guillemets (“…”). Les codes de langue seront indiqués entre crochets-carrés ([…]). [BBB] sera le code de langue de l’Ubabebi, même si ce code n’en est pas officiellement un. Les mots ou groupes de mots écrits en italiques sont des considérations subjectives.

 

 

2.     Transcription

 

L’Ubabebi utilise une transcription utilisant des lettres formant des syllabes, elles-mêmes formant par assemblage les mots de son lexique. Comme la langue est entièrement informatisée, la langue peut être écrite en utilisant n’importe quelle famille de caractères liée à une certaine culture (exemple : les lettres coréennes), mais finalement lue dans n’importe quelle autre famille de caractères (exemple : les lettres latines), l’outil informatique du lecteur faisant automatiquement la transcription pour ce dernier.

 

Par commodité, pour la présente version française de cet article, et donc dans les explications données ci-dessous, on se focalisera sur les lettres latines utilisées en français.  

 

En Ubabebi, chaque lettre (ou groupe de lettres) correspond à un son unique comme c’est quasiment le cas en allemand (mais pas en français, ni en anglais) : ainsi, une fois la prononciation des lettres apprise, on peut immédiatement lire un texte sans erreur.

 

L’Ubabebi se transcrit à l’aide de :

1)      5 voyelles principales (pour les sons retranscris en français par ‘a’, ‘é’, ‘i’, ‘o’, ‘ou’),

2)      2 voyelles dites étendues (pour les sons retranscris en français par ‘eu’, ‘u’),

3)      4 voyelles nasalisées (pour les sons retranscris en français par ‘an/en’, ‘in/ain/ein’, ‘on’, ‘un’),

4)      14 consonnes principales organisées en 7 couples/paires de consonnes,

5)      3 consonnes dites non-couplées (pour les sons retranscris en FR par ‘l’, ‘r’, ‘h aspiré’),

6)      3 semi-consonnes (pour les sons retranscris en français par ‘ill/y’, ‘w’, ‘gn’),

soit donc 31 lettres (plutôt 31 sons) réparties en 11 voyelles et 20 consonnes, ce qui permet de produire 220 syllabes environ.

 

Pour retranscrire ces 31 sons à l’aide des 26 lettres de l’alphabet latin, il a été choisi initialement de procéder comme suit :

 

Ubabebi

Transcription (FR)

comme dans…

a

a

pas

e

é, è, ê, ai, ei, eCC, …

les

i

i

lit

o

o

peau

u

ou

poux

x

eu

peu

q

u

lu

aa

an / en

pan

ee

in / ein / ain

pain

oo

on / om

pont

uu

un

lundi

b

b

bon

p

p

pont

c

ch

chant

j

j, g(i), g(e), g(é)

Jean

d

d

dent

t

t

temps

f

f, ph

fer

v

v

vers

g

g(a), g(o), g(u)

goût

k

k, qu, c(a), c(o), c(u)

coût

m

m

mon

n

n

nom

s

s, ç, c(e), c(é), c(i), t(ion)

race

z

z, s

rase

l

l

la

r

r

rat

y

y, ill

paille, paye

w

w, oi (sans le a final)

Watt, bois (= bwa)

nn

gn

montagne

h

h

haricot

 

Remarques concernant les choix pour la retranscription des sons en Ubabebi :

1)      Les prononciations en Ubabebi des 5 voyelles de base qui sont retranscrites par les 5 lettres latines  ‘a’, ‘e’, ‘i’, ‘o’, ‘u’ sont similaires à celles de la majorité des langues occidentales, même si, en français, malheureusement, les lettres ‘e’ et le ‘u’ ne se prononcent pas respectivement ‘é’ et ‘ou’ comme en Ubabebi.

2)      Les sons retranscrits en français par ‘eu’ et ‘u’ sont retranscrits en Ubabebi par ‘x’ et ‘q’ :

o   pour éviter d’utiliser des accents toujours pénibles à saisir au clavier ;

o   car ces 2 lettres sont disponibles dans le sens où :

§  le son ‘x’ français pourrait être transcrit en Ubabebi par  ‘ks’ (comme dans “taxe”), et par ‘gz’ (comme dans “exact”).

§  Le son ‘q’ est retranscrit par ‘k’ en Ubabebi.

o   Comme expliqué en détails dans le chapitre suivant, les voyelles de l’Ubabebi ont souvent une valeur sous-jacente permettant de structurer les mots les uns par rapport aux autres au sein d’une même Famille structurée de mots affiliés. Or, justement, la valeur de la voyelle ‘x’ (le son retranscrit en français par ‘e’ / ‘eu’) est l’imprécision, la nullité, le rien. Il est donc heureux que le caractère choisi soit le ‘x’ qui symbolise aussi la croix que l’on écrit sur quelque chose que l’on veut supprimer dans un texte (moyen mnémotechnique).

o   La lettre ‘q’ s’appelle ‘ku’ si on la retranscrit phonétiquement en français. Il est heureux que le son ‘ku’ contienne le son ‘u’ (FR), justement pour retranscrire le son ‘u’ (FR). La valeur de la lettre ‘q’ (son retranscrit par ‘u’ en français) est très généralement à l’opposé de la lettre ‘x’ : elle exprime la précision, la complétude, le tout.

3)      Les voyelles nasalisées sont retranscrites par un doublement de leur voyelle génératrice (= ‘a’ pour ‘aa’, = ‘e’ pour ‘ee’, = ‘o’ pour ‘oo’, et = ‘u’ pour ‘uu’) ce qui facilite la lecture en évitant l’analyse de la 3ème lettre qui suit comme en français : “tente” => le son ‘en’ car la 3ème lettre est un ‘t’, contre “tenue” => le son ‘e’ car la 3ème lettre est un ‘u’.

4)      La voyelle nasalisée ‘uu’ (le son ‘un’ ou ‘1’) n’est presque jamais utilisée car ce son est trop proche du son retranscrit en Ubabebi par ‘ee’ (le son ‘in/ein/ain’ du français). Lorsque ce son est utilisé dans un certain mot, c’est qu’il n’existe aucun autre mot dans lequel on aurait remplacé ‘uu’ par ‘ee’.

5)      Les 14 consonnes de base de l’Ubabebi sont groupées en 7 couples de consonnes voisines car certaines langues vivantes ont peu de consonnes et, de fait, certaines consonnes sont très difficilement discernables par leurs locuteurs (exemple : les sons ‘p’ et ‘b’ pour les locuteurs chinois). Aussi l’Ubabebi organise ces 14 consonnes par paire de sons voisins ;  au mieux, l’Ubabebi se restreint à l’usage seul de la première composante de chaque paire ; au pire, il organise son lexique de manière à ce que deux mots ayant des prononciations voisines (au sens ces paires de consonnes) appartiennent à, au mieux, des sphères conceptuelles très distantes, ou bien, au pire, à des classes grammaticales différentes (verbes, adjectifs, noms).  

6)      Les semi-consonnes sont presque exclusivement utilisées pour construire des suffixes servant à la dérivation des mots ou la conjugaison des verbes : ils ne sont pas utilisés pour différencier les mots-racines du lexique.

7)      La lettre ‘h’ (un ‘h’ aspiré) n’est que très peu utilisée. Contre-exemples : les désinences des déclinaisons des articles et des pronoms personnels (parce qu’ils se terminent par une voyelle, et que l’on veut éviter les clusters de voyelles), les désinences des Aspects de la conjugaison (Aspects de Contexte et de Récit).

 

 

3.     Phonologie

En toute logique, les concepts les plus usités sont affectés aux mots les plus courts.

 

Par soucis de simplicité, l’Ubabebi évite les clusters de consonnes et de voyelles : il privilégie donc les patterns de mots en “CV”, “CVC”, “CVCV”, “CVCVC”, etc. (où ‘C’ représente une consonne et ‘V’ une voyelle). L’Ubabebi a donc des mots polysyllabiques relativement longs par rapport à d’autres langues comme l’anglais pour lequel les mots sont courts (et très difficiles justement à prononcer à cause de leurs clusters de consonnes et de voyelles). Le débit de paroles en Ubabebi sera donc relativement rapide comme il peut l’être en hindi, en italien,... En effet le débit d’information transmis oralement est sensiblement le même quel que soit la langue utilisée (les langues à tendance monosyllabiques utilisant plus particulièrement des clusters de consonnes et de voyelles comme l’anglais ou bien des tons comme le chinois ont un débit de paroles plus lent mais leur débit d’information transmise est en fait équivalent).

 

 

4.     Un lexique construit pour être facile à mémoriser

La facilité de mémorisation du lexique se fonde sur 2 axes :

-          Les mots sont organisés dans des arbres de patterns dont les branches sont associées à des secteurs conceptuels particuliers.

-          Dans ces branches, les mots sont regroupés en famille structurée de mots affiliés :

o   qui ont des transcriptions très voisines…

o   … seulement différentiées par une de leur voyelle (mais des fois aussi une de leurs consonnes) dont les différentes valeurs servent à organiser les concepts les uns par rapport aux autres au sein de la même famille.

 

4.1.  Arbres de patterns

 

Pour chacun des patterns croissants (“CV”, “CVC”, “CVCV”, “CVCVC”, etc.), un arbre de mots est construit. Les branches de chaque arbre regroupent des familles de mots qui sont dans la même sphère conceptuelle. Exemple pour le pattern “CVC :

 

Pattern

Groupes de concepts

bVC

(disponible)

pVC

mots relatifs à notre environnement primaire (relief, biomes, météo, continents, etc.)

cVC

mots relatifs à la vie (ses étapes, ses âges, les sens, la parentèle, la santé, etc.)

jVC

mots relatifs aux êtres vivants

dVC

verbes de base : être, avoir, verbes de déplacement, etc.

tVC

adjectifs relatifs à une mesure

fVC

verbes relatifs à la pensée

vVC

adjectifs relatifs aux sentiments

gVC

verbes relatifs aux relations sociales

kVC

adjectifs relatifs aux relations sociales

mVC

verbes relatifs à l’action, aux activités, etc.

nVC

les objects manufacturés et les services

sVC

mots relatifs aux sciences

zVC

les sciences

 

Exemple : Le mot “paf” commençant par un ‘p’, on sait immédiatement que sa signification (= la source d’un cours d’eau) est relatif à notre environnement primaire (dans le sens d’existant antérieurement ou indépendamment de l’humanité).

 

Ainsi les mots ne sont plus des assemblages aléatoires de sons (et donc de lettres) : ils sont positionnés dans les branches d’un arbre dont il est possible de se créer une carte mentale topologique générale.

 

 

4.2. Famille structurée de mots affiliés

 

Outre l’organisation générale des concepts en arbres décrite dans le paragraphe précédent, le vocabulaire de l’Ubabebi est on ne peut plus simple à apprendre car les mots sont regroupés par famille structurée de mots affiliés. Ci-dessous quelques exemples significatifs :

 

4.2.1.      L’exemple significatif des chiffres de 1 à 5

 

Ubabebi

Signification

ba

1

      be

2

            bi

3

                  bo

4

                        bu

5


On a donc choisi comme base le pattern général “CV”. Puis on a choisi comme consonne initiale le ‘b’ pour constituer le pattern particulier “bV”. Enfin, au sein de ce pattern particulier, on a fait varier la voyelle variable ‘V’ selon la séquence bien connue {‘a’, ‘e’, ‘i’, ‘o’, ‘u’}, sachant que dans ce cas particulier, la séquence des voyelles est utilisée pour signifier une intensité régulièrement croissante. Ceci constitue un procédé qui permet d’apprendre quasi-instantanément à compter de 1 à 5 en Ubabebi, ce que ne procure aucune autre langue vivante où ce sont 5 mots complètement différents qu’il faut apprendre par cœur. L'origine d'une telle utilisation de la séquence de voyelles est à chercher dans la langue construite nommé Lojban. 

 

4.2.2.      Procédé général

 

Le procédé décrit précédemment s’applique à tous les mots de l’Ubabebi : aucun mot n’est jamais créé esseulé. Au contraire chaque mot est regroupé avec les autres mots avec lesquels ils forment une famille conceptuelle pour laquelle on va définir un pattern particulier à une voyelle variable (c'est le cas le plus général). Et ce sont principalement les variations de la valeur de cette voyelle (valeur au sens de niveau d’intensité, ou d’étiquette d’opposition, ou bien des deux, conjointement) variable qui vont articuler les différents sens des mots de la famille les uns par rapport aux autres (dans le cas précédent des chiffres de 1 à 5, une intensité croissante). Ci-dessous une liste donnant d’autres exemples d’organisations des voyelles procurant d’autres effets de sens pour les mots associés au sein d'une même famille :

 

4.2.3.      L’exemple des pronoms personnels

 

Ubabebi

Signification

jx

je

      ja

tu

            je

il, elle

ji

nous

      jo

vous

            ju

ils

 

Dans ce cas-ci, la voyelle variable évolue dans la séquence {{‘x’, ‘a’, ‘e’}, {‘i’, ‘o’, ‘u’}}. Remarque : lorsque l’on a besoin d’étendre la séquence de voyelles de base à 5 éléments, on y rajoute, au départ, la lettre ‘x’ (le son retranscrit par ‘eu’ en français) pour en obtenir 6 (et de même, à la fin, la lettre ‘q’ - le son retranscrit par ‘u’ en français - pour en obtenir 7, si c’est vraiment nécessaire). Dans le tableau décrivant cet exemple, on décale les mots Ubabebi comme indiqué de manière à bien séparer les pronoms singuliers et les pronoms pluriels, et pour chacun des 2 groupes, l’intensité croissante : 1ère personne, 2ème personne, 3ème personne.

 

 

4.2.4.     L’exemple des adjectifs associés à une mesure de spatiale ou temporelle

 

Ubabebi

Signification

tab

minuscule

      teb

petit

            tib

de mesure standard

      tob

grand

tub

immense

 

Dans ce cas-ci, la voyelle variable évolue dans une séquence structurée formant graphiquement une forme en ‘V’ pour marquer : 1) une opposition entre les couples d’adjectifs opposés  (et aussi un adjectif central ou neutre exprimant une taille moyenne, standard, attendue, etc.), et 2) le fait qu’il y a aussi un effet d’intensité croissante de “petit” vers “minuscule” et de “grand” vers “immense”. Ce schéma de voyelles de forme en 'V' est systématiquement utilisé pour tous les adjectifs associés à une mesure (et donc commençant par la lettre 't').

 

 

4.2.5.      L’exemple des prépositions associées à un parcours ou à un itinéraire

 

Ubabebi

Signification

za

de, depuis (origine d'un déplacement / début d'une durée)

            ze

avant (lieu / instant)

      zi

par (étape dans un déplacement)

            zo

après (lieu / instant)

zu

pour, à, au, aux, en (cible d'un déplacement / fin d'une durée)

 

Dans ce cas-ci, la voyelle variable évolue dans une séquence structurée formant graphiquement une forme en ‘W’ pour marquer : 1) les oppositions internes au sein des 2 couples de mots : {“avant”, “après”} et {“de / depuis” – l’origine –, “pour / à / etc. ” – la destination – } (“par” étant le point neutre / central), et 2) que ces deux couples, bien qu’étant tous deux bien relatifs à un parcours dans l’espace (ou le temps) ne sont pas dans la même dimension conceptuelle : l’origine et la destination ne sont pas connexes conceptuellement avec l’antériorité et la postérité, même s’il est logique de les associer dans la famille des prépositions associées à un parcours.

 

 

4.2.6.      L’exemple (complexe…) des désinences de temps dans la conjugaison

 

Ubabebi

signification

…x

            Passé Antérieur

      …a

      Passé

…e

            Passé Postérieur

            …i

Présent

…o

            Futur Antérieur

      …u

      Futur

…q

            Futur Postérieur

 

Dans ce cas-ci, la voyelle variable évolue dans la séquence structurée qui inclut les 7 voyelles possibles dans un schéma complexe mais très explicite : celui-ci permet d’obtenir en toute simplicité les désinences temporelles du système de conjugaison de l'Ubabebi. Le positionnement sur la flèche du temps des temps des verbes des propositions subordonnées vis-à-vis du temps du verbe de la proposition principale devient ainsi évident. Remarque : cette structure à 7 voyelles est donc une transgression de la règle selon laquelle l’emploi conjoint de ‘u’ et ‘q’ est prohibé.

 

4.2.7.     Autres exemples très complexes : les couleurs et les sentiments

 

4.2.7.1.  Les couleurs

 

Il existe une famille structurée de mots pour les adjectifs de couleurs fondée sur le pattern “tVkVbV” dans lequel les 3 voyelles représentent les 3 intensités des canaux de couleurs Rouge-Vert-Bleu avec pour niveaux d'intensité : ‘a’ = 0 ; ‘e’ = 64 ; ‘i’ = 128 ; ‘o’ = 192 ; ‘u’ = 255. Exemples : “takaba” = noir ; “tukaba” = rouge ; “takuba” = vert ; “takabu” = bleu ; … ; “tukubu” = blanc ; … ; “tikibi” = gris moyen. Remarque : cette gamme d’adjectifs de couleurs fondée sur le pattern “tVkVbV” est très complète et précise (125 couleurs), mais elle produit des mots trisyllabiques un peu longs à prononcer ; aussi il a été défini 2 autres patterns “tVk” et “tukV” pour les couleurs de base qui ne produisent seulement que les couleurs les plus courantes mais avec des mots beaucoup plus compacts (3 ou 4 lettres).

 

4.2.7.2. Les sentiments

 

Grâce à la roue de sentiments/émotions de Robert Plutchik, il a été défini une gamme de mots sur les patterns “vVC” et “vVCVC” pour rendre compte des sentiments : dans ce cas complexe, il y a 4 lettres variables : 2 consonnes et 2 voyelles.

 

 

4.2.8.      Le cas des voyelles nasalisées (‘aa’, ‘ee’, ‘oo’ et très rarement ‘uu’)

 

Généralement des voyelles nasalisées ne sont pas utilisées pour fabriquer ou participer à des séquences structurées de voyelles en tant que valeurs principales pour exprimer, par exemple, une intensité croissante ou bien une opposition. Leurs valeurs sont plutôt associées avec l’idée d’amoindrissement, de sens approché, de flou, etc. d’une valeur principale dont elles dérivent.

 

4.2.8.1.  Exemple relatif aux prépositions de position

 

Ubabebi

signification

sa

sous

            se

hors de

      si

à

            so

dans

su

sur

            saa

entre

            see

chez

            soo

parmi

 

La séquence structurée en W des 5 voyelles de base permet d’organiser les 5 prépositions {sous, hors de, à, dans, sur} de la même manière que le sont les prépositions associés à un parcours au chapitre 3.2.5. En plus ici, on étend la préposition “dans” (“so” en Ubabebi) vers les prépositions de sens voisins “parmi”, “chez”, et “parmi” grâce aux 3 voyelles nasalisées.

 

4.2.8.2. Autres exemples d’amoindrissement

 

Ubabebi

signification

paf

source

paaf

résurgence (car ce n’est pas une véritable source…)

pav

île

paav

presque-île

pes

montagne

pees

volcan

dab

être + Attribut du sujet

daab

paraitre

deb

être une instance d’un type (profession, etc.)

deeb

ressembler à

dob

être identique à

doob

se comporter comme

 

 

4.2.9.      La valeur de la lettre ‘x’ (le son retranscrit par ‘eu’ en [FR])

 

Dans le processus de la création de mots à partir d’un pattern particulier possédant une voyelle variable, la lettre ‘x’ (le son français ‘eu’) va généralement jouer les rôles suivants (ils sont en définitive assez connexes) :

 

-          Exprimer la nullité, le vide. Exemple : le chiffre ‘0’ se traduit par “bx” en Ubabebi (alors que {“ba”, “be”, “bi”, “bo”, “bu”} représentent les chiffres 1, 2, 3, 4, 5). On pourrait y voir aussi une structure d’intensité croissante car ‘x’ précède ‘a’ lorsque l’on a besoin d’une séquence de 6 voyelles (avant le '1', il y a le '0').

 

-          Exprimer l’imprécision comme dans l’exemple suivant relatif aux différents sens du verbe “être” :

 

dxb_

être (en général, imprécisément)

 

dab_

être + attribut du sujet

je suis heureux.

         deb_

être une instance d’un type

je suis docteur.

                  dib_

être identifié par

je suis Maurice.

                           dob_

être identique à

Marc, je suis ton père.

                                    dub_

être égal à

C’est lui !

                                             dqb_

se situer

il est là.

 

Remarque : Le verbe imprécis “dxb” permet donc de parler avec un niveau de langage plus faible qu'avec ses autres versions plus précises. Ces dernières sont de toute façon nécessaires car elles permettent d'obtenir par dérivation de mots (cf. infra) d'autres mots indispensables comme : qualité, qualification, identité, identification, égalité, localisation, ressemblance, comportement, etc.

 

-          Exprimer qu’un mot est la notion générique des autres mots appartenant à cette même famille, ces autres mots étant des instances particulières de cette notion générique. Exemple relatif aux points cardinaux :

 

pxp

direction cardinale

   pap

l’Est

      pep

le Nord

      pop

le Sud

   pup

l’Ouest

 

Dans cet exemple {Est, Nord, Sud, Ouest} sont bien des instances particulières de la notion générique de “direction”. Astuce mnémotechnique : Le soleil commence par se lever à l’Est (=> ‘a’) et finit par se coucher à l’Ouest (=> ‘u’) à l'opposé ; il y a davantage d’étoiles visibles dans le ciel nocturne de l’hémisphère Sud (=> ‘o’) 3 que dans celui du Nord (=> ‘e’) qui est son opposé.

 

Remarque : Cette famille de mots n’est pas vraiment conforme aux exigences standards liées à la réunion de mots au sein d’une même famille. En effet {Est, Nord, Sud et Ouest} sont des noms propres alors que “direction” est un nom commun. Ce mélange de types de mots au sein d’une même famille est normalement à proscrire, mais accepter dans le cas particulier des points cardinaux.

 

4.2.10. La valeur de la lettre ‘q’ (le son retranscrit par ‘u’ en [FR])

 

Lorsque la lettre ‘q’ n’est pas utilisée au sein d’une séquence de voyelles de 6 ou 7 voyelles, elle exprime presque exclusivement la précision, le paroxysme, la maximisation (le contraire de la lettre ‘x’ avec laquelle elle s’oppose souvent).

 

Exemples :

-          “pqp” signifie horizon dans la famille des mots relatifs aux directions cardinales : regardant au loin dans une direction, on voit l’horizon… 

-          “jq” est le pronom démonstratif “ce, ceux” (indication précise), alors que {“jx”, …, “ju”} sont les 6 pronoms personnels.

-          “rq” est le pseudo-pronom interrogatif (“est-ce que…”) qui sous-tend une réponse (précise) par “oui” ou bien par “non”.

4.2.11.  Conclusion concernant les familles structurées de mots affiliés

 

La présentation par décalages des mots d'Ubabebi dans la première colonne des quelques exemples précédents témoigne bien du fait que ce procédé de construction du vocabulaire permet de se constituer des images mentales topologiques de l’organisation des mots au sein d’une même famille (l’intensité croissante, l’opposition, etc. en fonction des valeurs assignées aux voyelles).

 

Ce sont ces images mentales topologiques qui permettent de faciliter grandement l’apprentissage du vocabulaire de l’Ubabebi. Typiquement la construction de certains mots est si mécanique qu’il est possible de les retrouver par soi-même (par construction) alors que l’on ne les a jamais appris/rencontrés auparavant.  

 

En résumé, les arbres de patterns permettent de structurer le vocabulaire par thèmes conceptuels de proche en proche (c’est-à-dire de façon de plus en plus précise lorsque l’on suit une ramification d’une des branches primaires de l’arbre). C’est sur ces ramifications (ces branches des arbres de patterns) que sont positionnées les familles structurées de mots affiliés, rendant l’ensemble on ne peut plus facile à apprendre.

 

 

5.     Un lexique s’étendant grâce à des dérivations régulières

 

Dans le chapitre précédent relatif aux arbres de patterns et aux familles structurées de mots affiliés nous avons vu comment de nouveaux mots peuvent être créés ex-nihilo à partir de patterns dans lesquels on fait généralement varier une voyelle. Néanmoins tous les mots ne sont pas créés de cette manière (ex-nihilo) car une très grande partie des mots dérivent mécaniquement d’autres mots (exemple : le verbe “marcher” donne les noms : un “marcheur” – le nom-sujet du verbe “marcher” –, et une “marche” –  le nom-objet du verbe “marcher” –) : ces mots sont créés par dérivation, de la classe du mot-racine (ici un verbe) vers d’autres classes de mots dérivés (ici des substantifs).

 

Alors que typiquement en français la dérivation n’est pas régulière (“bonté” (un nom) = ‘bon” (un adjectif) + “” tandis que (“lourdeur” (nom) = “lourd” (adjectif) + “eur”), en Ubabebi, la dérivation d’une classe de mots vers une autre classe de mots est unique comme en témoigne les quelques exemples de dérivations suivants :

 

source

cible

opération

suffixe

exemple

adjectif

verbe

(…C) >> opérant sur soi-même

el_

grand >> grandir

adjectif

verbe

(…V) >> opérant sur soi-même

l_

grand >> grandir

adjectif

verbe

(…C) >> n’opérant pas sur soi-même

er_

grand >> agrandir

adjectif

verbe

(…V) >> n’opérant pas sur soi-même

r_

grand >> agrandir

adjectif

substantif

(…C) >> concept – être –

uu

blanc >> couleur blan.

adjectif

substantif

(…V) >> concept – être –

wuu

blanc >> couleur blan.

adjectif

substantif

(…V) >> action – devenir –

luu

blanc >> blanchissem.

adjectif

substantif

(…V) >> action – rendre –

ruu

blanc >> blanchiment

adjectif

substantif

(…C) >> sujet

a

enfant >> un enfant

adjectif

substantif

(…V) >> sujet

wa

enfant >> un enfant

adjectif

substantif

(…C) >> circonstanciel

o

royal >> royaume

adjectif

substantif

(…V) >> circonstanciel

wo

royal >> royaume

adjectif

adverbe

(…C) >> adverbe

oo

lent >> lentement

adjectif

adverbe

(…V) >> adverbe

woo

lent >> lentement

verbe

adjectif

participe présent

oo

pencher >> penchant

verbe

adjectif

participe passé

aa

pencher >> penché

verbe

adjectif

…able, …ible (capacité)

aafipoo

casser >> cassable

verbe

adjectif

…able, …ible (opportunité)

aafapoo

tenter >> tentable

verbe

adjectif

…able, …ible (nécessité)

aafepoo

 

verbe

substantif

concept le plus commun

uu

marcher >> marche

verbe

substantif

sujet

wa

donner >> donateur

verbe

substantif

objet

we

donner >> don

verbe

substantif

cible

wi

donner >> bénéficiaire

verbe

substantif

circonstance

wo

 

verbe

substantif

concept général

wu

donner >> donation

 

Remarque 1 : Les verbes en Ubabebi finissent toujours par une consonne (pour pouvoir y rajouter à la suite les désinences des temps de conjugaison qui sont des voyelles).

 

Remarque 2 : Les suffixes servant à transformer les verbes en substantifs déclinés-par-cas (sujet, objet, cible,...) commencent par un ‘w’ qui n'est pas une voyelle, alors qu'une voyelle aurait été préférable pour l’assemblage (mais non : la dernière lettre du radical verbal est toujours une consonne comme indiqué à la Remarque 1 ci-dessus). Pour ne pas avoir de cluster de consonnes (“...VC” + “wV” = “...VCwV”), on insère-par-répétition la dernière voyelle du radical verbal entre ce dernier et le suffixe. Exemple : le verbe “donner” (qui se traduit par “gef_”) produit “donateur” (qui se traduit par : “gef” + ‘e’ + “wa” = “gefewa” qui se prononce “guéféoua”).

 

 

6.     La conjugaison

 

En Ubabebi, il n’y a pas de désinences particulières relatives à la personne (= je, tu, il/elle, nous, vous, ils/elles) : autrement dit, la terminaison des conjugaisons est la même pour un mode/temps/aspect donné quel que soit le sujet du verbe (pour toutes les personnes).  

 

6.1.   4 modes

 

L’Ubabebi possède 4 modes de conjugaison :

 

6.1.1.     Le mode Effectif

 

Le mode Effectif de l’Ubabebi englobe le mode Indicatif du français. Il est utilisé pour toute action (ou état) considérée comme effective même si chronologiquement ce n’est pas forcément le cas : ce qui est significatif c’est que le caractère effectif de l’action (ou de l’état) ne soit pas un vue de l’esprit.

 

Exemple : Dans la phrase : “Je suis arrivé avant qu’il ne parte.”, le verbe “partir” est conjugué au mode Effectif en Ubabebi (alors qu’il est conjugué au Subjonctif en français) car, à aucun moment, l’action de “partir” est une vue de l’esprit. Au contraire l’action de “partir” (dans la proposition subordonnée) a eu effectivement bien lieu, même si ce n’était pas encore le cas au moment de l’action “d’arriver” (de la proposition principale).

 

6.1.2.       Le mode Ineffectif

 

L’Ineffectif de l’Ubabebi correspond à une sous-partie de l’utilisation du Subjonctif français. Il est utilisé pour toute action (ou état) considérée comme une vue de l’esprit.

 

Exemple : Dans les phrases “Je pense qu'il est stupide. ” et “Je ne pense pas qu'il soit stupide.”, le verbe “être” de la proposition subordonnée se conjugue au mode Ineffectif en Ubabebi car penser qu'une personne est stupide ou non ne rend pas cette personne effectivement stupide ou non : c'est une supposition, une construction de l'esprit.

Attention : Le mode Ineffectif ne s’utilise pas pour exprimer une condition (bien que l’expression d’une condition soit bien une construction de l’esprit) : à la place on utilise le mode spécialisé pour exprimer les conditions : le mode Conditionnant décrit ci-dessous.

 

 

6.1.3.      Les 2 modes : Conditionnant et Conditionné

 

Ces deux modes sont utilisés de concert au sein des phrases du type “si…, (alors)…” : Le Conditionnant s’utilise dans la préposition introduite par “si” ; le Conditionné s’utilise dans la préposition introduite (facultativement) par “alors”.

 

Le mode Conditionné est également utilisé dans le cas où la condition n’est pas explicitement exprimée comme dans : “J’aimerais qu’il parte.”. En effet, dans ce cas, on pourrait contextualiser la phrase en précisant : “Si je me laissais aller à dire ce que je pense, alors je dirais que j’aimerais qu’il parte.”

 

6.1.4.      Les désinences des 4 modes

 

Mode

Désinence

Effectif

…_ (pas de désinence)

Ineffectif

…iy_

Conditionnant

…ey_

Conditionné

…oy_

 

 

6.2.   Les 7 temps de la conjugaison

 

L’Ubabebi possède 7 temps dont les désinences ont été présentées au chapitre 6.2.4. Les temps principaux sont le passé, le présent, le futur. A chacun de ces 3 temps principaux utilisés dans la proposition principale, on peut associer, dans la proposition subordonnée, un temps antérieur, un temps synchrone, et un temps postérieur.

 

                               Le Passé Antérieur

Le Passé              Le Passé (synchrone)

                               Le Passé Postérieur

 

                               Le passé

Le présent          Le présent (synchrone)

                               Le futur

 

                               Le Futur Antérieur         

Le futur               Le Futur (synchrone)

                               Le Futur Postérieur       

 

Exemple :

 

Français :

Je suis arrivé avant qu’il ne parte.

Ubabebi :

Jx duza zekx je daze.

Prononciation :

Jeu douza zékeu jé dazé.

 

Analyse de l'exemple précédent : Si on situe ces deux actions sur la flèche du temps, l’action de “partir” de la proposition subordonnée est bien postérieure à l’action “d’arriver” de la proposition principale. Le verbe principal “arriver” est au Passé (car dans le passé du locuteur) et le verbe subordonné “partir” est au Passé Postérieur (car postérieur à une action dans le passé).

Quelques exemples de combinaisons de temps et de modes :

 

Français

Ubabebi (transcription phonétique)

Il est arrivé avant que je sois parti.

Je duza zekx jx daze. (Jé douza zékeu jeu dazé.)

Il est arrivé après que je sois parti.

Je duza zokx jx dazx. (Jé douza zokeu jeu dazeu.)

Il arrivera avant que je parte.

Je duzu zekx jx dazq. (Jé douzou zékeu jeu dazu.)

Il arrivera après que je parte.

Je duzu zokx jx dazo. (Jé douzou zokeu jeu dazo.)

Il mange avant que je rentre.

Je cudi zekx jx seeduzu. (Jé choudi zékeu jeu sindouzou.)

Il mange après que je rentre.

Je cudi zokx jx seeduza. (Jé choudi zokeu jeu sindouza.)

Je pense qu'il est amoureux.

Jx fabi kx je dabiyi vibic. (Jeu fabi keu jé dabiyi vibich.)

Je ne pense pas qu'il soit amoureux.

Jx fabi kx je cx dabiyi vibic. (Jeu fabi keu jé ceu dabiyi vibich.)

Si ma maison était plus grande,…

Vx mx naki dabeyi fu toc,… (Veu meu naki dabéyi fou toch,…)

… alors je serais plus joyeux.

… vq jx daboyi fu fib. (… veu jeu daboyi fou fib.)

 

Conclusion concernant les modes et les temps de conjugaison : La logique simple mais pourtant précise sur laquelle se fonde la conjugaison de l'Ubabebi devrait éviter les écueils relatés par Marc Wilmer pour la conjugaison du français dans son livre Grammaire critique du français

 

6.3.   2 aspects : le Contexte et le Récit

 

L’Ubabebi possède 2 aspects qui viennent signifier la manière dont le verbe exprime l’action ou l’état.

 

6.3.1.      L’aspect de Contexte

 

L’aspect de Contexte indique que l’action (ou l’état) indiquée par le verbe s’inscrit dans une certaine durée (ou une certaine répétition) qui, de fait, représente : 1) soit une généralité (dans la continuité ou la répétition), 2) soit le contexte dans lequel une autre action est survenue. En français, l’aspect Contexte correspond souvent à l’usage de l’Imparfait et du Plus-que-Parfait. La désinence de l’aspect Contexte est un suffixe terminal “…hx” (prononciation en FR : “heu”) qui est rajouté après la désinence du mode et de temps.

Exemple :

Français

Je marchais dans la rue lorsqu’il a commencé à pleuvoir.

Ubabebi :

Jx cifahx su la nevee tikx joo mqpa pijinnee.

Prononciation :

jeu chifaheu sou la névin tikeu jon mupa pijignin.

 

6.3.2.        L’aspect de Récit

 

L‘aspect de Récit indique que l’action (ou l’état) indiquée par le verbe correspond à une narration, un récit. En français, l’aspect Récit correspond souvent à l’usage du Passé simple et du Passé Antérieur. L'usage de l'aspect de Récit est utile pour souligner une distanciation ou un détachement psychologique entre l'action ou l'état évoqué et le narrateur : Ce qui est dit n’est qu’une histoire. En Français, si l'on considère les 2 phrases : 1) “Il est parti hier.”, et 2) “Il prit sa veste et partit.”, dans la première, le locuteur témoigne que l'action de partir a bien eu lieu tandis que dans la seconde phrase, il est évoqué des actions qui appartiennent à une histoire qui n'est que racontée par le locuteur. La désinence de l’aspect Récit est un suffixe terminal “…hq” (prononciation en FR : “hu”) qui est rajouté après la désinence de temps.

 

Exemple :                           

 

Français

Il vint le matin après qu’il eut fini de pleuvoir.

Ubabebi :

Je dezahq so la pere zokx joo mapxhq pijinnee.

Prononciation :

jeu dézaheu so la pere zokeu jon mapeuhu pijignin.

 

 

6.4. Formes verbales sans sujet : Participe Présent (non-adjectif) et Infinitif

 

Nature

Désinence

[participe présent]

…innoo

ayant + [participe passé]

…annoo

ayant eu/été + [participe passé]

…xnnoo

[infinitif]

…innee

avoir + [participe passé]

…annee

avoir eu/été + [participe passé]

…xnnee

 

 

7.     Les mots obtenus par concaténation de mots existants

 

Certains mots sont obtenus par concaténation de mots existants. Exemple : la conjonction {“quand”, “lorsque”, etc.} se traduit par “tikx” qui est la concaténation de “ti” (qui est la préposition ‘à’) et “kx” (qui est la conjonction de subordination “que”).

 

Il est possible de raccourcir les chaines de caractères des mots sources avant de les concaténer afin d’obtenir un résultat plus compact (si on accepte une certaine perte de signification).

 

Pour éviter la formation d'un cluster de consonnes lors de la concaténation de deux mots (dont le premier finirait par une consonne et le second commencerait pas une consonne – ce qui est le cas de tous les noms communs –), il est possible d'insérer-par-répétition la dernière voyelle du premier mot pour bien avoir la séquence interne “...VC” + ‘V’ + “C... ” = “...VCVC...”.

 

8.     Quelques éléments de grammaire

 

8.1. Pas de genre en Ubabebi

 

Les articles portent la signification du type d’identification (indéfini, défini, démonstratif) et du nombre (singulier ou pluriel), mais pas du genre. C’est aussi le cas des pronoms personnels qui ne sont pas genrés. De manière générale, les noms communs ne sont pas genrés, sauf pour les familles de mots pour lesquelles c’est indispensable. Par exemple : les noms de parentèle (mère, père, sœur, frère, etc.), les noms des animaux domestiques (poule, coq, ...), etc.

 

Les adjectifs “ceet” (= femelle, se prononce “chint”) et “coot” (=mâle, se prononce “chont”) servent à préciser le genre lorsque cela est vraiment nécessaire.

 

Exemples :         

 

“une professeur-femme”            >> “lx ceet moodoowa”

“il” (et pas la femme)                    >> “cootooje”

“elle” (et pas l’homme)                >> “ceeteeje”

 

8.2. Pas de surdétermination du nombre, de la personne

 

Comme expliqué précédemment la désinence de conjugaison pour un {mode + temps + aspect} donné est unique quel que soit le nombre et la personne du sujet.

 

L’article porte déjà l’indication du nombre (singulier ou pluriel) : il n’y a donc pas de désinence à la fin des adjectifs et des noms correspondant au nombre (comme le ‘s’ ou ‘x’ terminant les adjectifs et les noms en français).

 

8.3. Pas de déclinaison, sauf pour les effets de style, la construction de mots, etc.

 

L’Ubabebi est une langue SVO, c’est-à-dire que l’ordre par défaut des fonctions grammaticales est : Sujet - Verbe - Objet - Cible - Circonstances. Néanmoins cet ordre peut être changé pour faire des effets de style : c'est-à-dire placer dès le début de la phrase la fonction grammaticale que l'on souhaite mettre en emphase. Dans ce cas, il est parfois nécessaire de décliner les articles ou les pronoms personnels pour garantir la bonne compréhension de la phrase. Ce tableau donne les désinences des déclinaisons en Ubabebi :

 

Sujet (…V)

…ha

Sujet (…C)

…a

Objet (…V)

…he

Objet (…C)

…e

Cible (…V)

…hi

Cible  (…C)

…i

Circonstance (…V)

…ho

Circonstance (…C)

…o

Hiérarchie (…V)

…hu

Hiérarchie (…C)

…u

 

Exemple :

 

Français :

C’est à toi que je le donne.

Ubabebi :

Jahi jx gofi je.

Prononciation :

jahi jeu gofi jé.

 

Remarque : La déclinaison de l’Ubabebi apparait aussi en toute logique dans la construction des pronoms relatifs et interrogatifs, dans la dérivation des verbes en substantifs-déclinés (donner => donateur, don, bénéficiaire d'un don), etc.

 

8.4.  Groupe nominal, Groupe verbal

 

Les ordres par défaut sont : {Article - Adjectif - Substantif} et {Adverbe - Verbe} (comme en anglais)

 

 

8.5.  Noms propres, Noms communs

 

Les mots qui ne sont pas des noms propres commencent par une consonne ; les noms propres commencent donc par une voyelle conformément au tableau suivant :

 

A…

Les toponymes et les chrononymes

E…

Les objets de l’environnement primaire

I…

Les personnes (ou assimilés)

O…

Les objets manufacturés et les services

U…

Les concepts

 

Exemple : le nom propre “Ubabebi” est bien un concept (donc il commence par ‘U’) ; ‘babebi’ (= 123) a été choisi pour signifier que l’apprentissage de cette langue est aussi simple qu’apprendre à compter : 1, 2, 3.

 

 

9.     Ubabebi, une langue informatisée

 

9.1. Première étape

 

Début 2021, une première version du logiciel permettant de gérer la langue Ubabebi a été produite. Il s’agit d’une version mono-utilisateur dite Microsoft Windows Form stockant l’ensemble des informations saisies sous la forme d’un ensemble de données sérialisé (un fichier XML) qui est enregistré localement sur le disque dur de l’ordinateur de l’unique utilisateur.

 

Cette version Microsoft Windows est disponible en téléchargement en cliquant ici.

 

Cette première version est déjà assez complète dans le sens où :

-          Elle permet de définir les lettres.

-          Elle permet de définir des Dérivations d’un type de mot vers un autre.

-          Elle permet de construire les Patterns (“CV”, “CVC”, “CVCV”, etc.).

-          Elle permet de construire les Mots.

-          Elle permet de traduire des textes (pour constituer le corpus).

-          Elle permet d’accéder à certaines fonctions (comptage, vérification, modification, etc.).

-          Remarque : cette première version est déjà multi-langue avec seulement 2 langues définies (le français et l’anglais), mais seul le français a du vocabulaire renseigné.

 

Remarque importante : lorsqu’une modification est apportée à un mot existant, à un pattern existant, ou bien au suffixe d’une Dérivation existante, il y a bien une propagation effective de la modification dans toutes les phrases enregistrées dans le programme.

 

A la fin de cette première étape, il n’y a que 1866 concepts de base saisis dans l’application. Ces concepts de base sont dérivés 1199 fois, ce qui donne seulement 3065 mots de définis pour l’Ubabebi (les verbes n’y sont pas encore conjugués pour ne pas gonfler artificiellement le nombre de mots). Malgré ce chiffre de 1866 qui peut sembler important (en effet les 1000 premiers mots les plus utilisés permettent déjà de soutenir les conversations les plus basiques de la vie courante), le vocabulaire saisi à ce stade est vraiment trop lacunaire pour soutenir une véritable conversation.

 

Seules les 3 premières phrases du Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry ont été traduites (pour valider la propagation effective des modifications dans le corpus enregistré).

 

 

9.2. Prochaine étape du projet ?

 

Il faudrait développer un site Web reprenant au moins les fonctionnalités de l’application Windows existante : cela permettrait à plusieurs personnes de travailler en parallèle, en temps réel, et de façon collaborative pour continuer à œuvrer à la construction de l’Ubabebi.

 

Considérant l’investissement financier important relatif à ce nouveau développement informatique et à sa maintenance pour le futur, il faudrait qu’une petite communauté de personnes très motivées par la construction de cette langue se rassemble au sein d’une association à but non-lucratif (l’Association pour le Développement de Ubabebi ?) afin que cette dernière prenne à sa charge tous les coûts de production et de maintenance de ce nouveau service en ligne collaboratif.

 

Un formulaire de contact est disponible ici afin de pouvoir se signaler comme étant désireux de participer à ce projet en d’adhérant à cette association.

 

 

10.  Questions ouvertes

 

10.1.       Validation du concept fondateur ?

 

Est-ce que la structuration du vocabulaire de l’Ubabebi (en Arbres de patterns associés à des sphères conceptuelles particulières et en Familles structurées de mots affiliés) est susceptible d’être facilement intégrée mentalement par les locuteurs potentiels, ou bien est-ce un leurre ?

 

Si c’est le cas, permettrait-elle effectivement à l’Ubabebi d’être très facile à apprendre comparé à l’anglais ou non ?

Il faudrait que des spécialistes en linguistique apportent des réponses à ces questions.

 

 

10.2.       Quid des environnements bruyants ?

 

À tout avantage donné est souvent associé un inconvénient induit : l'Ubabebi n’échappe malheureusement pas à cette règle.

 

En effet l'Ubabebi a été construit pour être très facile à apprendre en rassemblant les mots de son vocabulaire dans des familles structurées de mots associés. Conséquence : les prononciations des mots ainsi rassemblés en famille sont assez proches les unes des autres. Mais ces familles contiennent très souvent des paires de mots qui ont été appariés en raison de leur sens opposé : ainsi 2 mots de sens opposés auront une prononciation très proche, seulement différenciée par une seule de leurs voyelles (exemples un ‘a’ versus un ‘u’, ou bien un ‘e’ versus un ‘o’) comme expliqué dans plusieurs exemples données précédemment.

 

Dans un environnement bruyant, il sera donc beaucoup plus difficile de distinguer ces mots appariés (comme, par exemple, les mots Ubabebi “tec” et “toc” dont les prononciations sont : “téch” et “toch”) que de distinguer leurs homologues français (respectivement “petit” et “grand”) qui sont, eux, totalement différents.

 

Ce problème auditif est-il rédhibitoire ou non ?

 

10.3.       Des lettres trop difficiles à percevoir ou prononcer pour certaines cultures ?

 

Pour certaines cultures, il serait peut-être très difficile de prononcer les voyelles nasalisées ? Ou encore de faire une distinction orale claire entre les 2 membres des 7 paires de consonnes appariées (par exemple entre le 'p' et le 'b', etc.) ?

 

Il serait peut-être préférable de supprimer certaines lettres difficiles pour assurer une approche plus facile pour toutes les cultures ?

 

10.4.       Des règles linguistiques volontaristes initiales qui ne sont pas toujours respectées

 

Comme mentionné avec l'exemple des directions cardinales N-S-E-W au chapitre 4.2.9., les règles de départ de structuration du vocabulaire de l’Ubabebi ne sont pas toujours respectées : dans cet exemple, un mélange de noms propres avec leur nom commun générique. Une autre exception aux règles de départ est l'utilisation conjointe des lettres 'u' et 'q' dans les terminaisons des temps de conjugaison (pour le Futur (‘u’) et le Futur du Futur (‘q’)).

 

Ces transgressions aux règles sont-elles des problèmes ou non ?

 

10.5.       La tendance à surcharger certaines familles structurées de mots associés

 

Au cours du processus de création des mots, il apparaît parfois une tendance à vouloir mettre trop de mots dans une même famille, rendant le résultat final peu clair, pour ne pas dire ostensiblement mauvais.

 

Un exemple parmi beaucoup d'autres, la famille rassemblant les verbes associés au verbe “être” : n’est-elle pas trop remplie ?

 

10.6.       Le syndrome du rangement du livre dans une bibliothèque

 

En partant d'un meuble de bibliothèque vide, il est assez facile d'organiser le rangement des premiers livres (selon l’idée que l'on peut se faire d'une bonne organisation de livres dans une bibliothèque). En effet, il y a beaucoup de place pour le faire. Mais, petit à petit, les espaces restants sur les étagères de la bibliothèque deviennent de plus en plus petits et il devient de plus en plus difficile de trouver une place pour ajouter un livre à sa place logique. Parfois, pire encore, un seul livre à ajouter peut invalider l'organisation préalable de livres déjà positionnés, ce qui déclenche une énorme réorganisation de livres (avec, par exemple, le déplacement d’un grand nombre d’entre eux d'une étagère à une autre) !

 

Un phénomène équivalent a été observé lors de la création des mots Ubabebi : une tâche facile à commencer, mais visiblement très difficile à terminer...

 

10.7.       L'organisation humaine ?

 

En visant environ 32.000 mots comme premier niveau du développement de l’Ubabebi, quel serait le temps nécessaire pour atteindre un tel stade de construction ?

 

D’expérience sur les tous premiers milliers de mots créés, il semble qu'il y ait une moyenne de 4 mots par famille structurée de mots affiliés, ce qui conduit au nombre de 8000 familles de mots. Si nous posons l'hypothèse qu'une heure est nécessaire pour produire une famille de mots, la durée de la tâche de création de mots durerait 8000 heures. En prenant un mois de 20 jours ouvrables de 8 heures de travail, nous obtenons 50 mois-hommes, ce qui représente environ 4 années-hommes de travail !

 

Comment organiser une tâche aussi importante ?

·         Compter sur un très petit nombre de personnes qui auraient un génie propre à accomplir une telle tâche de création de vocabulaire (l'histoire des Langues Construites a montré que de tels génies ont existé…) ?

·         Ou bien réussir à organiser le travail collaboratif de personnes seulement très motivées ?

 

10.8.       Quel serait le but de la langue Ubabebi ?

 

L'objectif de la langue Ubabebi est de remplacer la langue anglaise comme langue commune sur Terre. En effet, l’Ubabebi est une langue beaucoup plus facile à apprendre et à parler que l'anglais : sa durée d'apprentissage pourrait être 10 fois plus courte ?

 

Mais, à part l’Espéranto (qui est un succès limité à quelques millions de locuteurs, ce qui est déjà plus que louable), toutes les tentatives de langues construites ont été des échecs en termes de nombres de locuteurs. Quelle pourrait être la force, la nécessité qui pousserait les gens à apprendre l’Ubabebi ? On a du mal à l’imaginer au vue des enjeux de survie auxquels l’immense majorité des gens est confrontée...

 

Alors pourquoi consacrer autant d’effort à la construction de quelque chose qui n’est pas sûr d’être utile pour les gens, à l’image de ce qu’ont pu être les constructions des Pyramides, du Château de Versailles, du Palais National de Mafra, etc. ?

 

Un peu artificiellement, on pourrait avancer qu’en tant que langue informatisée, l'Ubabebi est une véritable langue vivante puisque son corpus stocké (= ses textes enregistrés dans sa base de données) évoluera automatiquement en fonction des modifications de la langue dans le futur (par exemple, en France, il est presque impossible de lire un texte français vieux de seulement 450 ans, comme ceux de Rabelais). Compte tenu des énormes durées de radioactivité et des nuisances chimiques des déchets nucléaires et industriels, il serait peut-être utile de documenter en Ubabebi leurs stockages pour les prochaines générations ?